C/ Prat de la Creu 74-76, baixos. Andorra la Vella

SIDERURGIE

Avec l’agriculture et l’élevage, la sidérurgie a été l’une des pierres angulaires de l’économie andorrane dans les temps modernes. Entre les 18ème et 19ème siècles, on estime qu’il y a eu 16 forges en Andorre, dont 8 auraient fonctionné simultanément. L’une d’entre elles est celle connue sous le nom de la Farga d’Escaldes, qui a été construite dans la vallée de Madriu à l’endroit nommé aujourd’hui le Solà de la Farga.

Les livres comptables de cette forge n’ont pas été conservés, c’est pourquoi il est difficile d’en savoir beaucoup sur son exploitation.

Selon les contrats de location conservés dans le comú d’Andorra la Vella, la forge a été érigée en 1732. Les contrats précisaient, entre autres aspects, les forêts à partir desquelles le charbon devait être obtenu, la cession des droits de l’exploitation minière, la conservation des installations et du matériel de la forge, et la cession des terrains de l’Estall Serrer pour que les animaux des transporteurs puissent paître.

Le domaine de la forge s’étendait à peu près depuis Engolasters et l’ubac d’Escaldes jusqu’au sommet des vallées de Madriu, Perafita et Claror. Pour implanter l’usine, la proximité des ressources naturelles dépensées a été privilégiée par rapport à un endroit situé près d’une grande rivière.

Au départ, on a cru que l’extraction minière serait faite à la Maiana, mais cette option a été un échec et les concessionnaires on du négocier avec l’usufruitier des mines du Puymorens (France) un droit annuel d’importation de minerai, contre paiement de 84 livres de Barcelone.

Restes de la Farga d’Escaldes

Fours à charbon a la VMPC

L’ensemble des règlements communaux montre clairement que la carbonisation n’était pas autorisée de n’importe quelle façon. Bien qu’il s’agisse d’une importante activité forestière qui a affecté momentanément la forêt, les règlements communaux ont veillé à ce que les forêts ne soient pas éradiquées et à favoriser leur régénération. En outre, les locataires de la forge ne pouvaient couper des arbres que pour faire fonctionner la forge et la revente du charbon était interdite.

L’emplacement difficile de la forge d’Escaldes l’a empêché d’être une des plus importantes, mais pour la même raison, ce fut l’une des plus singulières. Sa situation, loin des centres de population et dans un endroit relativement élevé ont limité la période d’exploitation pratiquement aux mois d’été. La réduction du temps de travail était censé être compensée par les économies dues à la proximité au site minier, mais comme il a déjà été expliqué, cela n’a pas eu lieu et le minéral a dû être importé de France.

Le système de production de la forge d’Escaldes était, comme dans le reste d’industries de ce type en Andorre, ce que l’on appelle la forge catalane. La forge était essentiellement composée d’un four dans lequel l’oxyde de fer était réduit avec du charbon pour obtenir du fer, et d’un ou de deux marteaux pour forger des lingots. Les oxydes de fer et le charbon étaient  introduits par des couches superposées, puis la combustion était alimentée par l’injection d’air comprimé fourni par la buse, un tuyau à travers lequel on faisait passer l’eau. Le flux d’eau, dans sa chute, traînait l’air qui alimentait le four pour faire fondre le minerai. Une masse de fer et de scories était alors obtenue, qui était travaillé par le marteau, également entraîné par la force hydraulique. Les coups du marteau évacuaient les scories et le fer était tranché jusqu’à l’obtention de lingots avec les dimensions et le poids appropriés à l’exportation.

Le métal obtenu dans les forges d’Andorre acquit la réputation d’être de très bonne qualité, mais avait l’inconvénient que le prix était relativement élevé. Une partie de la production était consommée dans le pays, mais la plupart était exporté vers la Catalogne.

Les forges nécessitaient donc de grandes quantités de charbon de bois pour fonctionner. Le charbon de bois était fourni par des groupes charbonniers, qui travaillaient directement pour la forge. Le charbon de bois était préparé en brûlant par combustion lente du bois de pin, dans des fours à charbon habilités dans les forêts mêmes de la vallée. Les fours à charbon qui ont été trouvés dans la vallée (plus de 600, bien qu’ils ne soient pas tous liés au fonctionnement de la forge, certains produisaient du charbon comme combustible de chauffage) ont des formes très différentes. Ils peuvent être circulaires, elliptiques et quadrangulaires. Ceux qui se trouvaient dans un terrain en pente avaient souvent un mur de soutènement qui dans certains cas était rectiligne, et dans d’autres avait une forme de demi-lune. D’autre part, ceux situés sur un terrain plat n’avaient aucune structure associée, au plus un cercle de pierres pour délimiter l’espace de combustion. Les fours à charbon sont souvent regroupés par groupes de deux ou trois, et à proximité on trouve des restes de cabanes provisoires pour les travailleurs. Ces huttes étaient de petites constructions en bois et branches sur une base de pierre. En dépit d’être des bâtiments éphémères, les travailleurs se déplaçant constamment dans les bois de la vallée, ils forment un ensemble de vestiges uniques sur l’usage que l’homme a fait de la vallée.

La disparition de la forge du Madriu ou d’Escaldes (entre 1832/36) a coïncidé avec le début du déclin de l’industrie sidérurgique en Andorre. C’est peut-être la raison pour laquelle personne n’a été intéressé à la relancer pour continuer son exploitation.